La cordonnerie de Giheta..vers la réhabilitation d'une activité historique 

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Historique


        La cordonnerie Saint Jospeh de Giheta a vu le jour en 1953 sous l'impulsion des missionnaires Belges. Elle a été crée alors qu'il y avait un réel besoin de valoriser le cuir et dans le but de faire la promotion du soulier. Cette cordonnerie qui produisait des chaussures de grande qualité s'est construit une réputation jusque dans les pays voisins dans lesquels le réseau des missionnaires se fournissait à Giheta. De plus, dès ses débuts, l'atelier de Giheta s'est spécialisé dans la fabrication de chaussures adaptées aux personnes handicapées et a ainsi su répondre à une demande locale réelle. Le dernier objectif de la création de cette cordonnerie par la congrégation Bene Yozefu était la création d'emplois et d'une activité génératrice de revenus capable de participer à l'autofinancement de la congrégation.

Suite aux multiples crises qui ont frappée le Burundi ainsi qu'à l'apparition d'une concurrence internationale bon marché, l'activité de la cordonnerie a progressivement ralentie. En 1993, alors que le pays s'apprête a basculé dans un conflit sans précédent, l'activité de la cordonnerie se dégrade complètement. Les cordonniers compétents se dispersent ou se cache et la cordonnerie tombe à l'abandon pendant cette dernière décennie du vingtième siècle.

En 2007, le Secrétariat aux Œuvres de Développement Economique et Social de la congrégation décide de faire revivre cet héritage  de Giheta. Ce projet n'est pas la priorité du CFR mais se remet sur pied petit à petit, pour trouver des partenaires, décrocher des financements, restaurer les locaux, mobiliser des cordonniers compétents…

Démarche et objectifs du projet

        Pendant cette période de relance de l'activité (2007-2010), le CFR mène parallèlement le projet de formation et d'accompagnement des membres de l'association Twiyunge. Fort de la réussite de ce projet sur la transformation agroalimentaire, le CFR décide alors d'employer les mêmes ressources et méthodes pour que l'activité de la cordonnerie prenne un réel nouveau départ. La démarche est simple : réaliser des formations à destinations de jeunes " déshérités ", identifier des lauréats et les aider à se constituer dans un premier temps, en association et dans un second temps, en réel entreprise.

Les objectifs opérationnels alors définis ont été les suivants :
 
  •   Restauration des locaux de la cordonnerie. 
  •   Réhabilitation des machines et renouvellements des outillages 
  •   Formation de jeunes ruraux déscolarisés aux métiers de la cordonnerie. 
  •   Installation et création d'une unité de production.

A moyen terme l'objectif est également d'aboutir à la création d'un atelier de tannerie artisanal sur le même site,  permettant d'autonomiser la filière et de valoriser les importantes ressources en peaux de bête disponible localement. Cet axe rejoint ainsi le projet " Elevage " mené par le CFR Giheta.

        Ce projet de réhabilitation de la cordonnerie s'inscrit donc  parfaitement dans une dynamique locale faites de synergies entre les différentes activités de développement rural menées par le CFR. La boutique construite au bord de la route goudronnée dans le cadre du projet Twiyunge a été nommée KU KIRATO (la chaussure) et elle permet désormais d'écouler également les productions de l'atelier de cordonnerie. De plus dans le cadre d'un autre projet du CFR, le projet maraicher, un nouveau point de vente de fruits et légumes verra bientôt le jour à coté de la boutique KU KIRATO, permettant d'attirer toujours plus de clients sur un même site d'écoulement des produits des activités initiés par le CFR.

Etat d'avancement du projet et perspectives 

       
        Pour appuyer ce projet le CFR a trouvé un partenaire hollandais, l'ong Help Burundi. Celle-ci a fournie des matières premières, des outils, et un stock de chaussures destinées à être vendues pour financer la relance de l'activité. Les premières formations de jeunes au métier de cordonnier n'ont pas réellement aboutis à la relance de l'activité car ces jeunes souhaitaient avoir un statut de salarié dès le début, ce qui était alors impossible à envisager pour la cordonnerie ne disposant alors que de très peu de moyens. Des kits de cordonnerie ont été fournis aux jeunes cordonniers qui ont pus créer de micro ateliers aux alentours, plutôt destinés à la réparation de chaussure qu'à la fabrication.

Actuellement 10 jeunes suivent une formation à l'atelier et le CFR réfléchit aux meilleures solutions pour en garder certains sur place et former une équipe de travail avec une bonne capacité de production. De plus, le CFR sera prochainement relié à une ligne électrique à haute tension, ce qui permettra de mettre en fonctionnement de grosses machines offertes par les hollandais mais à l'arrêt pour l'instant.

        Si en 2011 les objectifs principaux de relance l'activité productive et d'inauguration officielle de l'atelier ont été remplis, les enjeux de 2012 seront de l'ordre de la structuration de cette activité et du développement commercial. La cordonnerie doit en effet  penser à la mise en place de stratégies pour toucher une clientèle plutôt citadine mais aussi à la création de modèle de chaussures et sandales abordables financièrement par les populations locales. Il y a de nombreuses pistes à suivre pour atteindre la clientèle : Ouvrir des points de ventes dans les grandes villes du pays, développer un système de commande " sur mesure " à distance, diversifier la production pour répondre aux besoins actuels de produits transformés à partir du cuir…


La cordonnerie historique de Giheta est donc sur la bonne voie pour renaître de ses cendres et retrouver sa réputation d'antan qui en faisait l'une des grandes fiertés de la localité. C'est un réel défi pour le CFR de Giheta qui en fait l'une de ses priorités pour l'année 2012 !


mardi 9 octobre 2012Contactez le modérateur à cbygiheta@yahoo.fr